L’autosabotage : comment en sortir ?


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La névrose de destinée, autre nom de l’auto-sabotage

Alors que Sigmund Freud, le fondateur de la psychanalyse traverse l’épreuve de la première guerre mondiale et que la théorie mais aussi la clinique psychanalytique s’enrichissent de nouvelles connaissances sur l’inconscient, il fait face à un nouveau défi : comment expliquer que devant l’amélioration du traitement, le patient se met à régresser et à aller plus mal ? Comment expliquer qu’ayant subi une expérience désagréable et traumatisante telle que le fût la première guerre mondiale, l’être répète le traumatisme subi dans les rêves prenant alors la forme de cauchemars ?

La première élaboration de Freud sur les pulsions basée sur le principe de plaisir ne permet pas de rendre compte de ces phénomènes de répétitions d’expérience désagréable et c’est pourquoi Freud est amené à une nouvelle élaboration des pulsions en 1920.

Freud introduit alors le terme de « névrose de destinée » dans son ouvrage "Au-delà du principe de plaisir" (1920), où il explore les mécanismes psychiques qui semblent contredire le principe de plaisir, selon lequel les individus sont à la recherche du plaisir et cherche à éviter la douleur.

Or, avec la névrose de destinée, c’est l’expérience inverse qui s’observe : les personnes répètent les mêmes schémas douloureux, les mêmes scénarios qui finissent mal.

Au cœur de la névrose de destinée se trouve l'idée de répétition compulsive. Freud a observé que certains patients semblaient revivre encore et encore des expériences douloureuses similaires, comme s'ils étaient guidés par un destin implacable.

Ces répétitions peuvent prendre diverses formes : des relations amoureuses qui échouent systématiquement de la même manière, des échecs professionnels récurrents, ou même des accidents qui semblent se produire avec une fréquence anormale.

Freud a proposé que cette compulsion de répétition soit liée à des expériences traumatiques non résolues, souvent issues de l'enfance. Selon lui, l'individu cherche inconsciemment à maîtriser ces expériences en les rejouant, dans l'espoir de pouvoir enfin les contrôler ou les résoudre.

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L’hypothèse d’une pulsion de mort chez l’être humain

Pour comprendre cet automatisme de répétition mortifère, Freud est obligé de postuler une pulsion de mort chez l’être humain. Ce postulat est largement contesté car il consiste à prétendre à l’être humain une pulsion d’autodestruction.

Un aspect important de la névrose de destinée est son caractère inconscient. Les individus qui en souffrent ne sont généralement pas conscients des forces qui les poussent à répéter ces schémas destructeurs. Ils peuvent avoir l'impression d'être victimes de malchance ou de circonstances extérieures, sans réaliser leur propre rôle dans la perpétuation de ces situations.

Le traitement de la névrose de destinée dans le cadre psychanalytique vise à rendre conscients ces schémas inconscients. En explorant les expériences passées du patient, en particulier celles de l'enfance, le psychanalyste cherche à mettre en lumière les origines de ces comportements répétitifs. L'objectif est de permettre au patient de reconnaître ces schémas et, éventuellement, de les modifier.

Aussi, il est important que le traitement puisse mettre à découvert le besoin de punition alimenté par la culpabilité inconsciente de l’être. En effet, il est fréquent de constater dans les paroles des patients et des psychanalysants, une difficulté à accepter la réussite, voire pire à se la refuser en se sabotant : par exemple, en ratant son train pour un entretien d’embauche, en n’envoyant pas des documents à temps, en remettant à plus tard ce qu’ils peuvent faire le jour même.

Si la théorie freudienne reste d’actualité, elle apparaît sous d’autres formulations comme « le syndrome de l’imposteur » qui consiste à penser que l’être n’est pas à la hauteur, pas assez bien pour occuper ses fonctions et qu’il doit sa réussite à la chance.

Toutes ces manœuvres, peuvent être vues comme des conduites d’auto-sabotage qui ne sont que l’effet de la haine de soi.

Dénouer les conduites d’auto-sabotage

En psychothérapie et en psychanalyse, dénouer les conduites d’auto-sabotage consistent à mettre en lumière, l’agressivité et la haine retournées contre soi qui trouvent leurs origines dans les conflits inconscients œdipiens.

Surtout, l’engagement au changement ne peut passer par le fait de prendre sa part de responsabilité dans cet auto-sabotage. Il s’agit de sortir de la conviction fataliste « c’est comme ça, c’est le destin », « je n’y arriverai jamais », « ça sera toujours comme ça ». Au contraire, la psychanalyse offre la possibilité à chacun de se subjectiver et de prendre part à ce qui arrive et cela pour construire sa propre voie et non la répéter.

Briser les schémas de répétition en psychanalyse consiste à s’approcher de la destructivité qui existe en chacun, à des degrés divers, et qui pousse l’être à ne pas être heureux et à s’interdire le bonheur. La culpabilité inconsciente peut en être à l’origine et il convient dans dénouer le ressort, soit le conflit psychique inconscient auquel elle se rattache.

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