Une alliance est-elle possible entre la psychanalyse et la justice à Nanterre ?


La difficile conciliation de l'obligation de soin et de la psychothérapie : une demande de traitement ne se conjugue pas avec une demande d'attestation

Comment un psychanalyste travaille avec les repris de justice ?

Dans une Tribune adressée sur le site du journal Le Monde du 5 décembre 2019, le psychiatre Pierre Murry évoque la situation ubuesque des repris de justice sous obligation de soins et qui n’expriment aucune demande si ce n’est celle d’obtenir une attestation. Selon lui, le service psychiatrique fait face ainsi à un afflux supplémentaire de personne venant consulter sans manifester de souffrance particulière mais avec cette demande d’attestation qui fait office de preuve de suivi psychologique

Le psychiatre Pierre Murry conclue en indiquant que c’est par « une nécessaire coopération réelle, et non purement formelle, entre la justice et les services de psychiatrie que pourra être combattue la violence, qu’elle vise les femmes en particulier ou les personnes en général. »

Il me semble que cette tribune témoigne de deux problèmes distincts :

  • La prise en charge des repris de justice ;

  • La prise en charge des victimes quel que soit leur sexe et leur protection.

L’avis de Freud sur la psychanalyse des repris de justice

Si l’on se place du côté des repris de justice, Freud écrit en 1916 dans Quelques types de caractères dégagés par le travail psychanalytique que l’acte criminel est commis parce qu’il soulage et apaise la culpabilité inconsciente. Ainsi, la clinique psychanalytique nous témoigne que le sentiment de culpabilité provient du complexe d’Œdipe et est une réaction devant le désir de mettre à mort le père et de coucher avec la mère. Pour une part des criminels, c’est la punition qui est recherchée par l’acte répréhensible par la loi. 

D’un côté nous avons la justice dont le rôle est de protéger le social face à des acte anti-sociaux, et de l’autre nous avons cette même justice qui pense que tout acte relève du soin. Nous savons que ce n’est pas le cas. 

Une demande de traitement n’est pas une demande d’attestation. Comment soigner quand le soin est conditionné par l’obtention d’une attestation de présence ? Comment une demande de psychothérapie peut-elle émerger du côté du repris de justice si celui-ci n’y prend pas part et que la seule raison de sa venue ne consiste qu’à obtenir l’attestation de présence ?

Pour pouvoir répondre à ses questions, il faudrait que le soin puisse commencer à l’intérieur de la prison et que dans le cadre d’une clinique de partenariat le repris de justice puisse avoir la possibilité de continuer son travail clinique à l’extérieur des murs de la prison s’il le souhaite, dans un cabinet avec un psychothérapeute ou un psychanalyste et sans que cette démarche ne soit sous-tendue par une contrepartie, celle d’obtenir une attestation.

En effet, l’obtention de celle-ci vient couvrir et étouffer la possibilité qu’une demande émerge et avec elle un désir. 

Si l’être accepte de commencer une psychothérapie et de s’interroger sur lui-même et exprime le désir d’en savoir un peu plus sur les actes qui font du mal à l’autre mais aussi à lui-même puisqu’il paie le prix de son acte socialement et juridiquement, alors peut-être que cette personne pourra construire une autre voie dans sa vie avec une psychanalyse. En lui donnant la possibilité de s’inscrire autrement, en choisissant les mots à l’acte, alors une alliance entre psychanalyse et justice sera possible. 

Pour plus d'informations ou prendre rendez-vous avec un psychanalyste près de Nanterre, n'hésitez pas à prendre contact avec Ouarda Ferlicot au 06.22.79.39.34.

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