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Thérapeutique du TDAH : quand l’enfant est réduit à son cerveau


La publication des nouvelles recommandations de la HAS pour le traitement du TDAH

Le TDAH, une nouvelle maladie ?

La HAS a publié ce lundi 23 septembre 2024 ses recommandations de bonnes pratiques concernant le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Nous apprenons que ce ne sont plus uniquement les pédopsychiatres qui peuvent établir le diagnostic de TDAH, mais également les médecins formés au TDAH sans préciser la base de cette formation. Par contre, sont précisés les moyens pour parvenir à ce diagnostic : « un entretien général puis spécifique, un examen clinique et un recueil d’informations auprès des intervenants de l’enfant »[1].

Par ailleurs, la thérapeutique repose sur des interventions dites non-médicamenteuses et médicamenteuses. Nous y retrouvons la psychoéducation et les thérapies cognitivo‑comportementale.

Dans cette approche, l’enfant est réduit à son cerveau, dénué de vie pulsionnelle et de subjectivité. L’enfant en devenir est réduit à son symptôme, un symptôme déficitaire. Aucune place n’est laissée pour l’expression de la subjectivité de l’enfant le plus souvent abrasée par les techniques comportementales ou médicamenteuses.

La place que prend le symptôme dans l’économie psychique est exclue des modalités de traitement non pas par souci de scientificité, mais par idéologie, celle qui consiste à penser que toutes les pathologies mentales sont localisables dans le cerveau.

Une approche des symptômes exclusivement neuronale de l’enfant contestable

Ainsi, l’approche neurologique et déficitaire du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité exclue la subjectivité. Le symptôme est désormais lu d’une façon qui déresponsabilise puisqu’il est mis sur le compte d’un dérèglement du cerveau.

Cette thèse réductionniste, impliquant la présence d’une lésion dans le cerveau chez les enfants avec TDAH a été avancée au départ sans aucune preuve comme le rappelle Patrick Landman dans son livre Tous hyperactifs ?[2] L’auteur souligne, que certaines études sont venues, à l’appui d’imageries, mettre en évidence certaines modifications cérébrales chez des enfants hyperactifs sans que celles-ci ne prouvent le TDAH[3].

Aujourd’hui, il est proposé à des enfants très jeunes d’être traités avec des molécules chimiques avec lesquelles nous ne disposons de peu de recul. Si ce traitement peut être nécessaire dans certains cas pour permettre d'engager d'autres possibilités thérapeutiques, mais également, pour permettre à l'enfant de poursuivre une scolarité normale, avec une meilleure estime de lui-même, c'est sa systématisation qui peut poser question.

L’approche psychanalytique du symptôme TDAH

Par ailleurs, la HAS exclue la psychanalyse et la psychopathologie de ces recommandation. Pourtant, de nombreux travaux psychanalytiques existent sur la question de l'agitation motrice, de l'hyperkinésie, et de l'hyperactivité. En procédant ainsi, elle inscrit son action dans la même lignée que le celle poursuivie par le DSM (Manuel Diagnostic et Statistique des troubles Mentaux), à savoir, celle poursuivant une visée organiciste.

Pourtant, l’approche psychanalytique, elle, n’exclut pas la voie médicamenteuse ou comportementale. Cependant, elle maintient qu’un être parlant est d’emblée un être avec une subjectivité et que par conséquent, sa vie psychique doit être prise en compte dans la prise en charge de l’agitation motrice ou des difficultés d’attention.

Par exemple, nous le savons, l'anxiété agite un enfant, tout comme des difficultés dans le milieux familial empêchent d'être attentif, mais nous pourrions évoqué également la douleur, comme facteur d'agitation. Un enfant présentant un mal-être aura davantage de facilité à l'exprimer par le corps que par le langage verbal, sans pour autant être hyperactif. 

Pour la psychanalyse, le symptôme moteur ou de l’attention nécessite de mobiliser l’élaboration psychique, soit une certaine capacité de symbolisation. Dire les pensées au contraire de les agir, est une façon de transformer l’impulsivité en représentation de mots, de transformer la langue motrice, en langue verbale. Ce travail participe à apaiser l’enfant et à l’aider à dans la verbalisation de ce qui l’agite.


[1] HAS, consulté le 26 septembre 2024, https://www.has-sante.fr/jcms/p_3302482/fr/trouble-du-neurodeveloppement/-tdah-diagnostic-et-interventions-therapeutiques-aupres-des-enfants-et-adolescents

[2] Landman, P. Tous hyperactifs, Paris, Éditions Albin Michel, 2015.

[3] Ibid., p. 35.


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