Dr. Ouarda Ferlicot
Psychothérapie et psychanalyse à Nanterre
 
72 rue Maurice Thorez, 92000 Nanterre
 
Disponible aujourd'hui de 8h30 à 20h
 
 

Vidéo de l'intervention de Ouarda Ferlicot sur Une clinique psychanalytique contemporaine

Vidéo Colloque de Ouarda Ferlicot : La jouissance dans notre société contemporaine

Ouarda Ferlicot psychanalyste à Nanterre propose une intervention intitulée "La jouissance dans notre société contemporaine" lors du colloque du Réseau pour la Psychanalyse à l'Hôpital au printemps 2015 à Paris sur le thème : Une clinique psychanalytique contemporaine - Quel avenir pour la psychanalyse ?

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"Nous vivons une ère nouvelle. L’ère de la jouissance à tout prix. Notre économie capitaliste donne un accès sans limite au libre-échange des biens et des personnes, de la surconsommation alimentaire et de l’information, du mélange entre intime et public et de la surenchère de la violence. Internet et son flux d’informations en continue,  ainsi que les réseaux sociaux, ne sont plus seulement un moyen de communication mais outils de déversoir de haine et de propagande de la violence. Toujours plus d’images, toujours plus de « scoop », toujours plus vite et plus loin.

L’actualité sombre de ces derniers mois n’a fait que montrer à la face du monde ce qui œuvrait en silence depuis une décennie. Le souvenir en France des émeutes en banlieue en 2005 paraît déjà bien loin, et pourtant, elles venaient témoigner d’un mal-être, d’un malaise profond. Depuis quelque temps, nous assistons à un mouvement, qui n’est pas sans rappeler cette lutte entre la pulsion de vie et la pulsion de mort, avec d’un côté des peuples qui se battent pour accéder à un niveau supérieur de civilisation en abattant les régimes totalitaires pour mettre en place une démocratie, la douce nomination de « printemps arabe » en est un exemple, et de l’autre les pays démocratiques font face à l’émergence des radicalismes de tous bords qui ne cessent de monter en puissance dans toute l’Europe, renforçant ainsi un processus de déconstruction plutôt que de construction. Si cela n’est pas aussi tranché, et nous en avons eu la preuve avec cette marche du 11 janvier 2015, un climat de tension règne aggravé par la crise et le manque de perspectives d’avenir pour les jeunes et moins jeunes          

Notre civilisation est donc ébranlée dans tous ses principes fondamentaux qui permettent un vivre ensemble possible. Quand il n’y a plus de leader positif vers qui se tourner, s’identifier, quand les valeurs symboliques ne maintiennent plus la cohésion des individus entre eux,  « la société de la culture est constamment menacée de désagrégation. »[1] les hommes laissent libres cours à leurs passions dont la haine, l’amour et l’ignorance constituent pour J. Lacan les trois passions fondamentales de l’être.

Nous pouvons constater que notre société est en panne. En panne de créativité, en panne économique, en panne socialement, en panne de ce qui est source de progrès. Ce qui fait culture, force de progrès, ne semble plus avoir cours.

En effet, une nouvelle façon de jouir est apparue du fait de notre modernité, du progrès de la science et du déclin du religieux. La jouissance se sert de ce qu’elle a à sa disposition, et des gadgets elle en a de plus en plus, mais rien dans la clinique quotidienne ne nous indique pour autant une modification des structures freudiennes, à savoir névrose, psychose et perversion. L’apparition du DSM-5 n’y changera rien et n’apporte rien de nouveau si ce n’est de renforcer l’égarement des médecins et des prescripteurs et alimentera une fois de plus, les caisses de l’industrie pharmaceutique, seule grande gagnante. Car il faut bien le dire un clinicien digne de ce nom ne trouvera ni phare, ni lumière pour lui indiquer la voie à suivre pour mener une cure avec le DSM et encore moins pour poser un diagnostic.

Le travail du psychanalyste est plus que jamais convoqué puisque la psychanalyse est la seule technique qui vise à supporter le transfert et ses composantes et amener une modification dans le mode de jouissance. Amener l’être à ne plus jouir de sa haine vis-à-vis de l’autre et vis-à-vis de lui-même, de son amour et de son ignorance constitue la voie de sortie pour retrouver la possibilité de supporter les aléas de l’existence, de jouir autrement que d’une façon destructrice et d’avoir une relation humanisée au monde, puisque fondamentalement, la rencontre avec un psychanalyste humanise. Elle change radicalement la façon d’être aux autres et à soi, et si la psychanalyse est si malmenée par les médias et les pouvoirs publics c’est peut-être parce qu’elle reste incomprise en ce qui concerne son champ opératoire, à savoir, la jouissance du symptôme, c’est-à-dire qu’il produit une satisfaction que le sujet n’est pas prêt à lâcher si facilement.

Si le champ de la jouissance a été nommé par J. Lacan, « le champ lacanien » [2], c’est peut-être bien parce qu’elle constitue le point d’entrée, le point de butée mais aussi le point de sortie de la psychanalyse. Alors comment le psychanalyste opère face à cette jouissance ? Y a-t-il disparition de l’autorité du transfert comme le postule C. Melman ? Face à ces nouvelles banalités de mode de jouir, que peut la psychanalyse ? La jouissance est une grande question qui ne peut seulement se traiter à coup de bistouri, de médicament ou de castration chimique. Elle reste fondamentalement le champ opératoire du psychanalyste et nous suivrons pas à pas l’avancée freudienne mais aussi lacanienne pour tenter de témoigner de l’importance de la place du psychanalyste.

Dans L’avenir d’une illusion, S. Freud soulignait déjà que la création de la culture ne peut s’édifier que sur la contrainte et le renoncement pulsionnel. C’est en renonçant à ses pulsions destructrices, ses pulsions qui puisent leurs sources dans l’infantile, que l’homme peut vivre avec l’autre côte à côte, qu’un espace public peut être délimité sans que qui que ce soit ne se sente menacer. Car comme l’écrit S. Freud, laisser libre cours à ses pulsions, à la nature, expose l’être à une satisfaction pulsionnelle sans limite dont le tribut à payer est bien plus grand que celui imposé par la culture, puisqu’il peut le payer de sa vie.

La culture a pour principe fondamental de nous défendre contre la nature. Elle exige des sacrifices de chacun, et afin d’y remédier, la civilisation a créé des dédommagements symboliques comme les idéaux culturels, l’art ainsi que la religion. S. Freud classe cette dernière au plus au rang des valeurs morales dans le maintien d’une civilisation.

Pour l’auteur, la religion est issue du complexe d’Œdipe. « La religion serait la névrose de contrainte universelle de l’humanité.»[3] La genèse psychique des représentations religieuses « ce sont des illusions, accomplissements des souhaits les plus anciens, les plus forts et les plus pressants de l’humanité »[4].

L’effet attendu est un refoulement du pulsionnel qui préserverait du développement d’une névrose. « … l’homme de croyance et de piété est éminemment protégé contre le danger de certaines affections névrotiques ; l’adoption de la névrose universelle le dispense de la tâche de former une névrose personnelle »[5]. Face au déclin du religieux, de la figure du Père, qu’en est-t-il aujourd’hui ? Si S. Freud voit en la religion une voie protectrice contre la névrose personnelle puisqu’elle s’inscrit dans un processus de sublimation, il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de radicalisme religieux.

Se détourner de la religion constitue un progrès dans le sens d’un processus de croissance et de développement, si l’illusion n’est pas remplacée par une autre. Nous pouvons, ici, reprendre l’idée de déplacement du symptôme qui peut opérer en prenant d’autres formes mais dont la racine est toujours présente. Il y a en effet, une difficulté à faire avec le manque par manque de castration, et réduire la fonction du symptôme dans l’économie psychique ne passe que par l’intervention du psychanalyste sur le signifiant.

Quant à l’individu qui laisse tomber ses croyances religieuses, il se retrouvera comme l’enfant en désaide qui doit se débrouiller seul après avoir quitté le domicile parental où il se sentait bien au chaud. Cet infantile est destiné à être surmonté. C’est ce qui s’appelle grandir, grandir pour de vrai. « L’être humain ne peut pas rester éternellement enfant, il faut qu’il finisse par sortir à la rencontre de la « vie hostile »[6]. Il est permis d’appeler cela « l’éducation à la réalité ».

Mais comment « éduquer à la réalité » lorsque les adultes se comportent comme des enfants ?

Les enfants et les adolescents sont les premiers à payer le prix de cette absence de limite qui structure la vie psychique. Les parents, les instituteurs ainsi que les éducateurs ont de plus en plus de difficulté à poser une limite sans se culpabiliser. Nous pouvons observer dans la clinique de l’enfant et de l’adolescent une confusion des rôles entre l’enfant et l’adulte. La limite structure l’enfant, l’apaise, l’introduit dans la différence des sexes et des générations et pose la loi fondamentale de l’interdit de l’inceste. Aujourd’hui, nous assistons plutôt au retour de l’enfant roi, qui commande à ses parents, impose ses désirs, conteste l’autorité de l’adulte dans la recherche d’une égalité de droit annulant ainsi cette différence des sexes et des générations. Tous les principes organisateurs de la vie avec soi et avec l’autre sont contestés et contestables."

 


[1] Freud, S. (1929), Le malaise dans la culture, Œuvres Complètes, Vol. XVIII, PUF, Paris, 1994, p. 298.

[2] Lacan, J. (1969/70), Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1991.

[3] Freud, S. (1929), L’avenir d’une illusion, Œuvres Complètes, Vol. XVIII, PUF, Paris, 1994, p. 184.

[4] Ibid., p. 170.

[5] Ibid., p. 185.

[6] Ibid., p. 190.

 

Dr. Ouarda Ferlicot

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