Dr. Ouarda Ferlicot
Psychothérapie et psychanalyse à Nanterre
 
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L'impact de la COVID-19 sur le processus de deuil


Faire son deuil après la perte d'un proche mort de la COVID-19

Récemment dans les médias, Stéphanie Bataille, comédienne, est intervenue pour mettre en lumière le drame que connaissent, comme elle, les familles qui perdent un ou des proches de la COVID-19 depuis le mois de mars 2020. Elle a ainsi rapporté sa douloureuse expérience et son indignation devant l'impossibilité d'avoir accès au corps de son défunt père. 

La pandémie a ainsi modifié le processus même du deuil. Avant janvier 2021, les soins de conservation du corps mais aussi la possibilité de voir le corps avant sa mise en bière étaient interdits. Les familles devaient faire face à un cercueil fermé. 

Notons, que depuis le 23 janvier 2021, le site du service public (source : https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A13974) a publié l'évolution des rites funéraires qui rend la présentation du défunt possible sur le lieu du décès dans le respect des mesures barrières. 

Pourquoi le respect de ses rites funéraires est important ? 

Dans Deuil et mélancolie, S. Freud rappelle que le processus de deuil est un processus normal qu'il ne faut surtout pas perturber. 

Pour entamer ce processus, notre civilisation a mis en place tout un cérémonial de rites funéraires qui permettent à la personne endeuillée d'entamer ce processus de deuil devant la perte de la personne aimée afin de progressivement s'en détacher. Autrement dit, il s'agit d'un véritable travail de séparation qui doit être respecté. 

Pour entamer ce processus, voir le corps peut être nécessaire mais n'est pas obligatoire. Lorsque le moi sait ce que veut dire la mort, il n'a pas besoin de voir le corps pour s'en rendre compte. Pour ceux qui y tiennent, il est important que cela ne leur soit pas refusé. En effet, voir le corps du défunt s'inscrit et participe d'un cérémonial, dont l'effet symbolique est d'ordonner et d'orienter les actes devant la mort qui relève de l'irreprésentable pour l'être humain. C'est pourquoi l'on parle de rites funéraires.

Plus précisément, il arrive que si une partie de l'être à connaissance de la mort d'un proche, une autre partie la refuse et ne l'accepte pas. Dans ce cas, le fait de ne pas voir le corps augmente ce phénomène cauchemardesque dans lequel la personne présente des difficultés à réaliser et à accepter la mort.  Cela à pour effet un gonflement imaginaire qui peut perturber durablement le processus normal de deuil : "Est-ce que ma mère est bien dans le cercueil ?". "Est-ce qu'il y a quelqu'un à l'intérieur ?" "Est-ce que l'on ne s'est pas trompé ?", sont des questions qui peuvent tarauder l'être et l'empêcher d'accepter la réalité et de vivre avec celle-ci.

Par ailleurs, l'un des principes fondamentaux du cérémonial funéraire après le décès d'un proche est son inscription dans le social. On se réunit en famille pour une veillée, on prévient l'entourage, on invite les proches à l'enterrement. Aujourd'hui, il faut aller vite, les cérémonies se font dans la plus stricte intimité et parfois à distance. Les différents temps qui se succèdent permettent également de se recueillir et d'accompagner le corps jusqu'à sa dernière demeure. 

Cette pandémie de la COVID-19 précipite ses différents temps qui vont des soins de conservation du corps à la cérémonie. 

Ainsi, la temporalité du processus de deuil a été modifié. Temporalité qui permet au moi de la personne endeuillée de réaliser qu'elle ne verra plus la personne décédée. 

Sans compter la culpabilité qui peut naitre de ne pas avoir été présent, de ne pas avoir pu parler à la personne décédée. Ainsi les conditions imposées par la COVID-19 dans les rites funéraires peuvent créer un sentiment de détresse pour les proches endeuillées.

Il est important que ces temps puissent être respectés afin de ne pas perturber ce processus de deuil qui peut avoir des conséquences psychiques lourdes sur le long terme. 

Les nécessités du réel ne doivent pas nous faire oublier l'un des fondements de notre civilisation, à savoir notre capacité à humaniser les différents temps de la vie humaine de la naissance à la mort. 


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